R.S : Bonjour Isabelle.

I.D : Bonjour Reynald.

R.S : Comment avez-vous pris le chemin de la comédie, comment s’est prise cette décision ?

I.D : Je suis intimement convaincue que ce chemin était écrit. Je n'ai pris aucune décision, elle s'est imposée à moi. Ma mère m'a dit un jour, ce n'est pas ta passion, c'est ton sacerdoce. C'est tellement juste. Ne pas jouer serait une mort. La comédie coule dans mes veines en colocation avec mon sang.

R.S : Sur quels critères avez-vous choisi de suivre les cours de théâtre Viriot ?

I.D : Réponse concise. Parce que ma "mère spirituelle artistique", la grande Annie Girardot était dans ces cours. C'est le papa de mon prof qui était le sien

R.S : Comment s’est faite votre insertion professionnelle ?

I.D : Au culot et uniquement par ça. Bien entendu guidé par la conviction viscérale que ma "maison" était dans ce métier. J'ai eu une rencontre magique, une chance inouie. Monsieur Patrice Blanfrancart, qu'on ne présente plus, m'a dit il y a longtemps, tu es faite pour ce métier mais la pression tue ton talent (il venait d'assister à un de mes pires castings). Pourtant il m'a laissée un direct à la télévision simplement sur son intuition. Et j'ai animé Zapping Zone jusqu'à la fin de celle-ci, c'est à dire 8 ans. Disney a été et sera toujours ma famille, j'ai travaillé pour eux durant 20 ans, Mère et Fille étant une série dont je suis hyper fière. Patrice est un ami précieux qui me remonte le moral quand je doute. C'est un métier qui invite le doute.

R.S : Comment êtes-vous arrivée au doublage ?

I.D : Je suis une personne honnête alors je vais vous répondre honnêtement. Par "faim" et aussi en pensant à mes vieux jours en tant que comédienne. Ce métier est plus cruel envers les femmes. C'est encore une aide précieuse qui m'a introduite dans ce monde. Ensuite j'ai démarché, fait des stages, assisté, demandé et petit à petit j'ai grimpé des petites mais solides marches. Je me suis finalement laissée prendre au jeu et j'arrive à m'éclater. J'ai aussi la chance d'être dirigée par des DA que j'estime et apprécie, ça aide. J'étais une traqueuse à la barre. Heureusement c'est du passé.

R.S : Est-ce une discipline que vous envisagiez au départ ?

I.D : Pas du tout ! Je ne savais même pas que ça existait, je regardais les films en VO. Et même ceux que je regardais en français ne me faisaient pas me dire "Mais qui fait cette voix ?".

R.S : Vous avez co-écrit deux séries. Comment gère-t-on une écriture à deux ? (et je note au passage que vous vous définissez comme « auteur » sur votre CV et non "auteure" ! C’est un choix délibéré ?)

I.D : Le co auteur est une erreur de frappe impardonnable que je dois rectifier ou ma co auteure (féministe invétérée) va me crucifier sur le champ. L'écriture en "bande" doit être, pour ma part, obligatoirement nourrie par l'admiration et le respect de l'autre ou des autres. Tatiana Gousseff est une grande comédienne et aussi ma meilleure amie. Nous avons le même univers humoristique. Nous rigolons des mêmes choses. Quand nous écrivons ensemble nous sommes très sérieuses mais aussi très rieuses. Je suis plus dans les dialogues et elle dans la structure, la construction, le fil rouge. C'est une auteure depuis toujours. Elle a une plume incroyable. Il faut laisser parfois, voire même souvent, son ego de côté, accepter les critiques et laisser la place à ou aux autres. Sinon c'est le mur qu'on atteint et non une "oeuvre".

R.S : Quels sont vos loisirs ?

I.D : Mes loisirs sont mon métier, ma famille et mes amies. Sinon j'aime écrire et regarder des tonnes de choses à la télé. Je regarde tout.

R.S : Merci beaucoup Isabelle.

Interview de mars 2020