R.S : Bonjour Nicolas.

N.M : Bonjour Reynald.

R.S : Quel a été votre parcours de comédien ?

N.M : J'ai commencé avec Raymond Girard (professeur au Conservatoire), ensuite avec Andréas Voutsinas. Je suis ensuite parti dans la grande aventure de la troupe de théâtre et j'ai partagé la scène avec Muriel Robin, Elie Sémoun, Nicolas Briançon à travers les grands classiques mais aussi Harold Pinter, Yukio Mishima, Arthur Schnitzler, Luigi Pirandello, Milan Kundera, Neil Simon, Michel Déon... C'est aussi au théâtre que j'ai rencontré Albert Dupontel qui me fait l'amitié depuis 25 ans de me faire participer à tous ses films : Désiré (1992), Bernie (1996), Le Créateur (1999), Enfermés dehors (2006), Le Vilain (2009) et 9 mois ferme (2013). J'ai participé à la télévision à de nombreuses séries françaises telles que Les Cordier, juge et flic, Navarro, Nestor Burma, Femmes de loi, Avocats et Associés, Julie Lescaut... mais aussi "le Palma show" avec Grégoire Ludic et David Marcais. Le cinéma français me tend aussi la main depuis plusieurs années : 99 francs (Yann Kounen), Secret défense (Philippe Haïm), Safari (Olivier Baroux), Micmacs à tire-larigot (Jean-Pierre Jeunet), Case départ (Fabrice Eboué, Thomas N'gijol), Associés contre le crime (Pascal Thomas), Mains armées (Pierre Jolivet)... Il m'arrive souvent également de pratiquer le doublage. Tim Roth, Nicolas Cage, John Travolta ou encore Colin Firth avec aussi quelques séries comme Le Caméléon, Buffy contre les vampires, Walker, Texas Ranger, The Walking dead... En 2012 et 2014  j'ai participé à la série Les Hommes de l'ombre de France 2 aux côtés de Carole Bouquet, Bruno Wolkovitch, Aure Atica, Grégory Fitoussi...

R.S : Avez-vous toujours eu envie de faire ce métier ?

N.M : Je ne me souviens pas d'avoir voulu faire un autre métier qu'acteur... Désespérant ! Je n'ai jamais pu me rattraper à une autre branche professionnelle... Je n'en ai heureusement jamais eu la nécessité (je touche du bois !).

R.S : Vous avez une carrière très riche dans tous les domaines (scène, caméra, micro...). Avez-vous une préférence parmi toutes ces activités qu'un comédien peut exercer ? Et diriez-vous que chacune demande une technique particulière ?

N.M : C'est vrai on peut dire que chacune de ces activités demande une technique particulière que chaque acteur parvient à se forger plus ou moins rapidement en fonction de ses prédispositions, de son travail, de son opiniâtreté... Mais ce qui prime c'est le JEU.  Sans JEU pas de comédien quel que soit le support. Et avec le JEU la technique devient accessoire. Je n'ai pas de préférence particulière pour un support ou un autre. En revanche j'ai de grandes préférences lorsqu'il s'agit de travailler avec untel ou untel ! Travailler sérieusement sans se prendre au sérieux n'est pas donné à tous...

R.S : Malgré l'unanimité extrêmement louangeuse faite autour de la qualité de votre prestation dans "9 mois ferme" on ne vous a malheureusement pas décerné le César que tout le monde s'accordait à dire que vous méritiez. Comment l'avez-vous vécu ?

N.M : Dans l'indifférence totale. Je n'ai pas l'ego surdimensionné. Et nous savions avec Albert que ce type d'exercice remporte rarement les suffrages des professionnels. Deux millions et demi de spectateurs suffisaient à calmer notre inquiétude sur la justesse de nos choix sur le curseur de l'expression de jeu.

R.S : Vous avez une longue histoire de collaboration avec Albert Dupontel, qui vous réserve à chaque fois un très beau rôle dans ses films, et l'on vous y découvre toujours différent. Comment cela se passe-t-il ? Il vous en parle en amont, au moment de l'écriture ? Il vous en fait la surprise une fois que le scénario est écrit ?

N.M : Albert me parle des rôles qu'il me destine avant même qu'il en ait écrit une ligne et je sais qu'il met immédiatement le visage de ses acteurs sur les personnages qu'il crée. Il n'y a que sur son prochain film, une adaptation de "Au revoir là-Haut" de Pierre Lemaître (Goncourt 2013),  qu'il me confiera un rôle qu'il n'a pas créé de toutes pièces. Mais avec le talent de Pierre Lemaître associé à celui d'Albert je ne suis pas inquiet quant à l'intérêt du personnage qu'il me propose. Et je peux déjà vous confier qu'à mon avis ce personnage ne décrochera pas non plus de César... La demi-teinte n'y ayant pas sa place !

R.S : Comment avez-vous pris le chemin du doublage ?

N.M : C'est Jacques Thébaut  qui m'a mis le pied à l'étrier avec la délicatesse, la courtoisie et surtout le talent qu'on lui connaît. Je garde un souvenir ému et reconnaissant de mes premières phrases avec lui, dans la "cabane" de Synchro-Mondiale (une société de doublage des années 1980). Il était pour moi, jeune acteur débarquant dans le monde du doublage, une voix mythique. J'étais très impressionné et j'avais un trac fou. Il m'a pris par l'épaule et m'a dit très simplement : "T'inquiète pas bonhomme, ici on n'a pas le trac... Quand on se plante on s'en fout on recommence... C'est pas comme à Avignon dans la cour du Palais des Papes". La glace était rompue. Il avait trouvé les bons mots... Merci Cher Jacques, je t'en suis infiniment reconnaissant !

R.S : Vous dirigez également. Est-ce quelque chose qui vous apporte autant de satisfaction que de jouer vous-même ?

N.M : Oui, bien sûr. Mais je ne dirige que lorsque je sais que je vais pouvoir appeler mes amis acteurs avec qui j'aime travailler. Si je comprends que je ne pourrai pas appeler qui je veux, je refuse de diriger.

R.S : Quels sont vos hobbies ?

N.M : Ma femme ! Mes filles ! Et accessoirement les grandes voix d'opéra et la voile...

R.S : Merci beaucoup Nicolas.

Interview d'avril 2015