Chantal Macé
Genres :
Voix Adolescent fille, Voix Jeune adulte femme, Voix Adulte femme
Tonalité :
Medium
Langues parlées :
Anglais avec accent américain
Accents :
Anglais
Doublage
Formation
Training caméra :
Membre du Collectif d'Acteurs "Ouvre tes ailes"
Ateliers mensuels "Tout pour jouer"
Jeu face à la caméra 55 Prod
Acting in English CM Acting, avec les RDA : A. Carrard, A. Esposito, A. Luisi, G. Moulévrier
Et les réalisateurs : S. Blondy, S. Fillières, T. Lilti
Acting in English :
Jack Waltzer
Claire Growthey, Coach de Nicole Kidman en Australie - Travail de l'accent américain
Cursus initial :
Cours Simon, 2 ans - 1° mention
Charpentier Art Studio
Ecole Parallaxe, Bruxelles
Membre du Collectif d'Acteurs "Ouvre tes ailes"
Ateliers mensuels "Tout pour jouer"
Jeu face à la caméra 55 Prod
Acting in English CM Acting, avec les RDA : A. Carrard, A. Esposito, A. Luisi, G. Moulévrier
Et les réalisateurs : S. Blondy, S. Fillières, T. Lilti
Acting in English :
Jack Waltzer
Claire Growthey, Coach de Nicole Kidman en Australie - Travail de l'accent américain
Cursus initial :
Cours Simon, 2 ans - 1° mention
Charpentier Art Studio
Ecole Parallaxe, Bruxelles
Auteur
"Chroniques australiennes" livre-témoignage aux Editions Elzévir
Cinéma
"La poudre aux yeux" réalisé par Maurice Dugowson
Courts-métrages
"Kino Paname"
"Femme flic"
"Bac rouge" réalisé par Thierry Ferrières
"Pourquoi mourir" réalisé par David Chour & Guillaume Leuillet
"Drowning dreams of a lonely heart" réalisé par Ong Lung (QUT/Australie)
"Arverne" réalisé par Eric Machado
"Où que tu sois" ESSEC
"Femme flic"
"Bac rouge" réalisé par Thierry Ferrières
"Pourquoi mourir" réalisé par David Chour & Guillaume Leuillet
"Drowning dreams of a lonely heart" réalisé par Ong Lung (QUT/Australie)
"Arverne" réalisé par Eric Machado
"Où que tu sois" ESSEC
Institutionnel
EDF, Shell, Acadomia...
Langues
Bilingue anglais (Accent américain)
A vécu et joué en Australie pendant 2 ans
Notions : allemand, portugais, espagnol & néerlandais
A vécu et joué en Australie pendant 2 ans
Notions : allemand, portugais, espagnol & néerlandais
Sports
Licence de Tir, Fitness, Natation, Ski
Télévision
"Dis maman, tu m'aimes ?" réalisé par Jean-Louis Bertuccelli (France 2)
Théâtre
"A Streetcar named desire" de Tennessee Williams - mise en scène d'Eki Maria
"L'école des femmes" de Molière - mise en scène de Didier Gesquières
"Jeunes filles en uniforme" de Christa Winsloe - mise en scène de Didier Gesquières
"Alerte 3" d'Hébertot et mise en scène de Régis Braun, dans les rôles de Céleste et Moose
"Crimes et Châtiments" de Fiodor Dostoïevsky - mise en scène de Pascale Liévyn
"Tessa" de Jean Giraudoux - mise en scène de Luc Charpentier
"Les sorcières de Salem" d'Arthur Miller - mise en scène de Pascale Liévyn
"De doux dingues" de Michel Andre - mise en scène de Pascale Liévyn
"Toi et tes nuages" d'Eric Westphal - mise en scène de Didier Gesquières
"Les deux Orphelines" d'A. Ennery & E. Cormon - mise en scène de Didier Gesquières
"Les bonnes" de Jean Genet - mise en scène de Luc Charpentier
"Un tramway nommé désir" de Tennessee Williams par Didier Gesquières, dans le rôle de Stella Kowalsky. Belgique
"L'école des femmes" de Molière - mise en scène de Didier Gesquières
"Jeunes filles en uniforme" de Christa Winsloe - mise en scène de Didier Gesquières
"Alerte 3" d'Hébertot et mise en scène de Régis Braun, dans les rôles de Céleste et Moose
"Crimes et Châtiments" de Fiodor Dostoïevsky - mise en scène de Pascale Liévyn
"Tessa" de Jean Giraudoux - mise en scène de Luc Charpentier
"Les sorcières de Salem" d'Arthur Miller - mise en scène de Pascale Liévyn
"De doux dingues" de Michel Andre - mise en scène de Pascale Liévyn
"Toi et tes nuages" d'Eric Westphal - mise en scène de Didier Gesquières
"Les deux Orphelines" d'A. Ennery & E. Cormon - mise en scène de Didier Gesquières
"Les bonnes" de Jean Genet - mise en scène de Luc Charpentier
"Un tramway nommé désir" de Tennessee Williams par Didier Gesquières, dans le rôle de Stella Kowalsky. Belgique
Voix-off
Possède son propre Home Studio
Training avec Charlotte Guedj
Training avec Charlotte Guedj
Interview
R.S : Bonjour Chantal...
C.M : Bonjour Reynald.
R.S : As-tu toujours su que tu serais comédienne ?
C.M : Pas vraiment. Au risque de surprendre, je voulais être océanographe. Mais à 7 ans, je suis tombée follement amoureuse de Jerry Lewis - ben oui - et je m'étais dit que le seul moyen de l'épouser serait de devenir comédienne et d'aller là-bas. Sauf qu'à 7 ans, on ne sait pas grand-chose. Comme par exemple que ce n'est pas parce qu'on est comédienne en France, qu'on l'est nécessairement aux States, ou encore que Jerry Lewis était bien plus âgé que ce que je voyais dans les films et surtout… qu'il était déjà marié ! Mais une fois l'idée de devenir comédienne en tête et que j'avais appris qu'être océanographe ne me permettrait pas de faire vraiment ce que je voulais, à savoir travailler sur la Calypso (les femmes c'était dans les bureaux, et pas sur le terrain !), je me suis accrochée à cette envie qui est devenue vitale et j'ai tout fait pour convaincre mes parents de me laisser suivre cette voie… Je ne le regrette pas. Merci Jerry Lewis !
R.S : Pour en faire un métier est-il primordial de passer par la formation ?
C.M : Je pense qu'avant de savoir conduire, il vaut mieux apprendre. Donc, oui, à mes yeux, au moins une base c'est le minimum. Après, le choix de la formation, c'est selon les besoins et les désirs de chacun, d'autant plus qu'il y a à boire et à manger dans toute formation. A chacun de trouver la ou les écoles, stages, etc. qui répondront le mieux à ses besoins et surtout correspondront à sa sensibilité. Après, je pense que c'est une question de sensibilité justement, de personnalité, et de rencontres tout spécialement. On peut sortir du Conservatoire avec un premier prix, qui signifierait qu'on est un comédien exceptionnel a priori, et ne pas faire la carrière qu'on pense être en droit d'espérer. Et, inversement, avoir pris quelques cours dans une école lambda, et avoir l'occasion de faire une magnifique carrière et de s'améliorer de rôles en rôles.
R.S : Comment as-tu débuté dans le doublage ?
C.M : Oh là, pas vraiment le hasard - puisque je n'y crois pas - mais plutôt un coup de pouce de la vie bien opportun. Cela faisait quelques années que j'avais envie d'essayer de faire du doublage, mais je ne savais pas du tout comment m'y prendre, où chercher, qui contacter, etc. Je terminais une pièce au Théâtre Hebertot avec comme partenaire, entre autres, Edith Barijoana qui doublait alors Gong Li, et qui avait donné mes coordonnées à l'Europénne de Doublage. Un jour, une certaine Mathilde m'appelle pour me dire que Jenny Gérard voulait me rencontrer. J'ai débarqué à Sonodi, demandé où trouver Jenny. On m'a indiqué un studio, je suis entrée, Jenny m'a dit : "ah, vous devez être Chantal, très bien, voilà, vous voyez la phrase qui passe sur le trait noir ? Dites-la lorsque les mots arrivent dessus." Et la semaine suivante je commençais une série. Moi qui pensais venir pour un entretien, je venais de faire mon premier cachet sans le savoir ! Et depuis, ça n'a jamais arrêté. Je croise les doigts, car on dit que rien ne dure éternellement. Alors, je bénis ma chance chaque fois que le téléphone sonne.
R.S : L'exercice t'a-t-il semblé difficile les premières fois ?
C.M : Ben, comme je n'ai pas vraiment compris ce qui m'arrivait, je n'ai pas eu le temps de réaliser. Quand tout a commencé sérieusement, là par contre... J'étais tellement impressionnée par l'habileté et le jeu des autres comédiens, que je me sentais totalement out. Cet exercice demande une technique redoutable, de vrais talents de comédiens, une écoute, et surtout une immédiateté qu'aucune autre discipline ne demande je crois. Et ça devient de pire en pire, dans le sens où on travaille sur des périodes de temps de plus en plus courtes avec une demande de résultats inchangée en revanche. Sans compter que nous sommes en quelque sorte "bridés" à plusieurs niveaux. On n'interprète pas le personnage à l'écran comme nous l'aurions peut-être nous-mêmes interprété si nous avions dû le jouer "pour de vrai". On doit s'adapter au rythme du comédien qu'on double, son jeu, ses émotions, son articulation, tout en essayant de lui être le plus fidèle possible. Et, pour couronner le tout, on n'a pas les supports qu'apportent malgré tout le langage corporel et le contexte comme lorsqu'on tourne ou qu'on joue au théâtre. Donc difficile, assurément, et pour moi, flippant ! Aujourd'hui j'ai toujours autant le trac, parce que je n'aime pas avoir le sentiment de n'avoir pas été à la hauteur ou que j'aurais pu faire mieux, surtout si la comédienne que je double est "géante".
R.S : S'attache-t-on systématiquement aux comédiennes qu'on double ?
C.M : Non. Il m'est arrivé de ne pas aimer doubler des comédiennes, soit parce que je ne les trouvais pas forcément bonnes ou, plutôt, pas bien dirigées à la base à l'image ; soit parce que tout bêtement, comme on ne fait que passer sur une comédienne qu'on ne fera peut-être qu'une fois, on n'a pas le temps de s'attacher. Ce qui n'empêche pas qu'il peut arriver dans ce cas qu'on se dise : "je ne la connaissais pas, elle est géniale ! J'aimerais bien la retrouver sur autre chose". Heureusement, certains directeurs artistiques me découvrent à peine mais d'autres me connaissent plutôt bien. Alors j'ai la chance d'être mise presque systématiquement sur certaines comédiennes que je double régulièrement et que j'adore. Je pense tout particulièrement à Michèle Trachtenberg, Emily VanCamp ou Rose Byrnes, qui me donnent l'opportunité de passer par une palette très large de jeu, de sentiments, d'émotions, de genres, et ça c'est tout ce que j'aime ! Donc, là, oui, je m'attache, parce qu'il y a une sorte de lien qui se crée. C'est comme revoir une amie qu'on n'a pas vue depuis quelque temps et qu'on retrouve avec beaucoup de plaisir parce qu'on sait qu'elle va nous donner beaucoup. Alors on va essayer de lui en donner autant en retour, de se montrer à la hauteur, et de ne pas trahir ce qu'elle a joué.
R.S : Lorsqu'on double un personnage récurrent dans une série c'est donc un réel plaisir de le retrouver au fil des saisons ?
C.M : Je pourrais presque répéter ce que je viens de dire plus haut. Pourtant parfois, ce n'est pas un plaisir. Si ! Si ! Ça arrive ! Soit parce que la comédienne n'est pas géniale (ou plutôt pas bien dirigée), soit c'est la série qui n'est pas géniale - on ne double pas que des produits superbes - mais ça ne m'arrive pas trop souvent. Pourvu que ça dure ! Quoique, même dans ce cas, certains directeurs de plateau ont le talent de créer une ambiance si sympa que, finalement, il y a au moins le plaisir de retrouver les potes et de passer une bonne journée. Il ne faut pas non plus se mentir. Outre la dimension artistique, il y a un deuxième aspect à retrouver un personnage récurrent dans une série : la dimension purement pécuniaire. Ne nous voilons pas la face : nous faisons d'abord ce métier normalement pour le plaisir, pour la joie d'avoir la chance de faire le métier qu'on a choisi, mais aussi parce que pour vivre (et tant qu'à faire avoir les moyens de profiter de la vie), il faut bien que les pépètes viennent de quelque part... Un personnage qui revient, c'est donc aussi être rassuré, parce qu'on a des dates sur notre agenda, et non un gros trou qui parfois peut devenir terrifiant. Si c'est un personnage qui parle beaucoup, c'est youpi ! Et si en plus on l'aime, c'est triple youpi ! Le bonheur assuré quoi !
R.S : Pour doubler un personnage animé, est-il indispensable de garder une âme d'enfant ?
C.M : Sans vouloir faire de la philo à 2 balles, je crois que pour vivre déjà il est nécessaire de garder une âme d'enfant. Donc a fortiori pour "jouer", que ce soit un personnage animé ou non. On n'est pas "comédien". On "joue" la comédie, il me semble que ça veut dire beaucoup de choses.
R.S : Tu es également auteur. Ton livre "Chroniques australiennes" raconte cette période où tu as quitté la France. Peux-tu en dire quelques mots ?
C.M : J'étais à un moment de ma vie où j'avais envie d'autre chose et de réaliser un rêve de gosse qui me tenait à cœur. C'était à ce moment ou jamais. Et si c'était à refaire, je recommencerais ! Je suis très contente d'être rentrée, mais parfois tout de même j'ai un petit pincement au cœur que ça n'ait pas marché comme je l'aurais voulu. C'était une aventure tellement immense ! Elle m'a apporté énormément, et j'avoue que je ne retrouve pas ici la même humanité, la même sincérité, la même simplicité et la même chaleur humaine dont j'ai besoin. A la base, ce livre est parti des mails que j'envoyais aux copains pour ne pas me sentir seule et coupée de mon ancienne vie puisque j'étais partie avec l'intention de m'installer là-bas définitivement. En rentrant, quelques amis - deux en particulier dont l'avis compte beaucoup pour moi - m'ont dit que je devrais vraiment tenter de faire éditer les chroniques. J'ai tout réécrit pour que ça ne ressemble plus à de simples mails, puis j'ai envoyé quelques exemplaires sans me faire d'illusions, sachant que le monde de l'édition, s'il m'est totalement inconnu, n'est pas plus tendre que notre univers du show-biz. Et puis finalement... Alors j'espère qu'elles auront du succès.
R.S : Quels sont tes hobbies ?
C.M : Je fais du dessin, de la couture, je bricole aussi énormément. Je fais parfois mes meubles et je répare tout ce que je peux moi-même, j'adore ça. J'écris aussi beaucoup. Si j'en avais eu le talent, j'aurais adoré être écrivain. Je lis (une vraie drogue !), je vois beaucoup de films, je vais moins au théâtre en revanche, parce que je trouve que ça reste un loisir cher et j'ai bien souvent été déçue. Je fais du ski (à l'occasion), de l'escalade (toujours à l'occasion), de la natation, et je marche, je marche, je marche…J'adore flâner dans Paris, il y a toujours quelque chose à découvrir. Et puis, je voyage dès que je peux. J'aimerais tellement tout faire, tout voir ! En fait, en plus d'être comédienne, si j'avais plus d'une vie et le compte en banque de Paris Hilton, j'aurais adoré être architecte et décoratrice d'intérieur, styliste-modéliste, écrivain, et Nicolas Hulot pour la chance qu'il a de pratiquer toutes ces disciplines sportives et de visiter des endroits du globes insolites au travers de son métier.
R.S : Merci beaucoup Chantal.
C.M : Avec plaisir ! Ben moi qui ne suis d'habitude pas bavarde, j'en ai dit beaucoup... trop ? Quoi qu'il en soit, merci à toi de consacrer un peu de ton temps à notre discipline.
Interview de mars 2009
C.M : Bonjour Reynald.
R.S : As-tu toujours su que tu serais comédienne ?
C.M : Pas vraiment. Au risque de surprendre, je voulais être océanographe. Mais à 7 ans, je suis tombée follement amoureuse de Jerry Lewis - ben oui - et je m'étais dit que le seul moyen de l'épouser serait de devenir comédienne et d'aller là-bas. Sauf qu'à 7 ans, on ne sait pas grand-chose. Comme par exemple que ce n'est pas parce qu'on est comédienne en France, qu'on l'est nécessairement aux States, ou encore que Jerry Lewis était bien plus âgé que ce que je voyais dans les films et surtout… qu'il était déjà marié ! Mais une fois l'idée de devenir comédienne en tête et que j'avais appris qu'être océanographe ne me permettrait pas de faire vraiment ce que je voulais, à savoir travailler sur la Calypso (les femmes c'était dans les bureaux, et pas sur le terrain !), je me suis accrochée à cette envie qui est devenue vitale et j'ai tout fait pour convaincre mes parents de me laisser suivre cette voie… Je ne le regrette pas. Merci Jerry Lewis !
R.S : Pour en faire un métier est-il primordial de passer par la formation ?
C.M : Je pense qu'avant de savoir conduire, il vaut mieux apprendre. Donc, oui, à mes yeux, au moins une base c'est le minimum. Après, le choix de la formation, c'est selon les besoins et les désirs de chacun, d'autant plus qu'il y a à boire et à manger dans toute formation. A chacun de trouver la ou les écoles, stages, etc. qui répondront le mieux à ses besoins et surtout correspondront à sa sensibilité. Après, je pense que c'est une question de sensibilité justement, de personnalité, et de rencontres tout spécialement. On peut sortir du Conservatoire avec un premier prix, qui signifierait qu'on est un comédien exceptionnel a priori, et ne pas faire la carrière qu'on pense être en droit d'espérer. Et, inversement, avoir pris quelques cours dans une école lambda, et avoir l'occasion de faire une magnifique carrière et de s'améliorer de rôles en rôles.
R.S : Comment as-tu débuté dans le doublage ?
C.M : Oh là, pas vraiment le hasard - puisque je n'y crois pas - mais plutôt un coup de pouce de la vie bien opportun. Cela faisait quelques années que j'avais envie d'essayer de faire du doublage, mais je ne savais pas du tout comment m'y prendre, où chercher, qui contacter, etc. Je terminais une pièce au Théâtre Hebertot avec comme partenaire, entre autres, Edith Barijoana qui doublait alors Gong Li, et qui avait donné mes coordonnées à l'Europénne de Doublage. Un jour, une certaine Mathilde m'appelle pour me dire que Jenny Gérard voulait me rencontrer. J'ai débarqué à Sonodi, demandé où trouver Jenny. On m'a indiqué un studio, je suis entrée, Jenny m'a dit : "ah, vous devez être Chantal, très bien, voilà, vous voyez la phrase qui passe sur le trait noir ? Dites-la lorsque les mots arrivent dessus." Et la semaine suivante je commençais une série. Moi qui pensais venir pour un entretien, je venais de faire mon premier cachet sans le savoir ! Et depuis, ça n'a jamais arrêté. Je croise les doigts, car on dit que rien ne dure éternellement. Alors, je bénis ma chance chaque fois que le téléphone sonne.
R.S : L'exercice t'a-t-il semblé difficile les premières fois ?
C.M : Ben, comme je n'ai pas vraiment compris ce qui m'arrivait, je n'ai pas eu le temps de réaliser. Quand tout a commencé sérieusement, là par contre... J'étais tellement impressionnée par l'habileté et le jeu des autres comédiens, que je me sentais totalement out. Cet exercice demande une technique redoutable, de vrais talents de comédiens, une écoute, et surtout une immédiateté qu'aucune autre discipline ne demande je crois. Et ça devient de pire en pire, dans le sens où on travaille sur des périodes de temps de plus en plus courtes avec une demande de résultats inchangée en revanche. Sans compter que nous sommes en quelque sorte "bridés" à plusieurs niveaux. On n'interprète pas le personnage à l'écran comme nous l'aurions peut-être nous-mêmes interprété si nous avions dû le jouer "pour de vrai". On doit s'adapter au rythme du comédien qu'on double, son jeu, ses émotions, son articulation, tout en essayant de lui être le plus fidèle possible. Et, pour couronner le tout, on n'a pas les supports qu'apportent malgré tout le langage corporel et le contexte comme lorsqu'on tourne ou qu'on joue au théâtre. Donc difficile, assurément, et pour moi, flippant ! Aujourd'hui j'ai toujours autant le trac, parce que je n'aime pas avoir le sentiment de n'avoir pas été à la hauteur ou que j'aurais pu faire mieux, surtout si la comédienne que je double est "géante".
R.S : S'attache-t-on systématiquement aux comédiennes qu'on double ?
C.M : Non. Il m'est arrivé de ne pas aimer doubler des comédiennes, soit parce que je ne les trouvais pas forcément bonnes ou, plutôt, pas bien dirigées à la base à l'image ; soit parce que tout bêtement, comme on ne fait que passer sur une comédienne qu'on ne fera peut-être qu'une fois, on n'a pas le temps de s'attacher. Ce qui n'empêche pas qu'il peut arriver dans ce cas qu'on se dise : "je ne la connaissais pas, elle est géniale ! J'aimerais bien la retrouver sur autre chose". Heureusement, certains directeurs artistiques me découvrent à peine mais d'autres me connaissent plutôt bien. Alors j'ai la chance d'être mise presque systématiquement sur certaines comédiennes que je double régulièrement et que j'adore. Je pense tout particulièrement à Michèle Trachtenberg, Emily VanCamp ou Rose Byrnes, qui me donnent l'opportunité de passer par une palette très large de jeu, de sentiments, d'émotions, de genres, et ça c'est tout ce que j'aime ! Donc, là, oui, je m'attache, parce qu'il y a une sorte de lien qui se crée. C'est comme revoir une amie qu'on n'a pas vue depuis quelque temps et qu'on retrouve avec beaucoup de plaisir parce qu'on sait qu'elle va nous donner beaucoup. Alors on va essayer de lui en donner autant en retour, de se montrer à la hauteur, et de ne pas trahir ce qu'elle a joué.
R.S : Lorsqu'on double un personnage récurrent dans une série c'est donc un réel plaisir de le retrouver au fil des saisons ?
C.M : Je pourrais presque répéter ce que je viens de dire plus haut. Pourtant parfois, ce n'est pas un plaisir. Si ! Si ! Ça arrive ! Soit parce que la comédienne n'est pas géniale (ou plutôt pas bien dirigée), soit c'est la série qui n'est pas géniale - on ne double pas que des produits superbes - mais ça ne m'arrive pas trop souvent. Pourvu que ça dure ! Quoique, même dans ce cas, certains directeurs de plateau ont le talent de créer une ambiance si sympa que, finalement, il y a au moins le plaisir de retrouver les potes et de passer une bonne journée. Il ne faut pas non plus se mentir. Outre la dimension artistique, il y a un deuxième aspect à retrouver un personnage récurrent dans une série : la dimension purement pécuniaire. Ne nous voilons pas la face : nous faisons d'abord ce métier normalement pour le plaisir, pour la joie d'avoir la chance de faire le métier qu'on a choisi, mais aussi parce que pour vivre (et tant qu'à faire avoir les moyens de profiter de la vie), il faut bien que les pépètes viennent de quelque part... Un personnage qui revient, c'est donc aussi être rassuré, parce qu'on a des dates sur notre agenda, et non un gros trou qui parfois peut devenir terrifiant. Si c'est un personnage qui parle beaucoup, c'est youpi ! Et si en plus on l'aime, c'est triple youpi ! Le bonheur assuré quoi !
R.S : Pour doubler un personnage animé, est-il indispensable de garder une âme d'enfant ?
C.M : Sans vouloir faire de la philo à 2 balles, je crois que pour vivre déjà il est nécessaire de garder une âme d'enfant. Donc a fortiori pour "jouer", que ce soit un personnage animé ou non. On n'est pas "comédien". On "joue" la comédie, il me semble que ça veut dire beaucoup de choses.
R.S : Tu es également auteur. Ton livre "Chroniques australiennes" raconte cette période où tu as quitté la France. Peux-tu en dire quelques mots ?
C.M : J'étais à un moment de ma vie où j'avais envie d'autre chose et de réaliser un rêve de gosse qui me tenait à cœur. C'était à ce moment ou jamais. Et si c'était à refaire, je recommencerais ! Je suis très contente d'être rentrée, mais parfois tout de même j'ai un petit pincement au cœur que ça n'ait pas marché comme je l'aurais voulu. C'était une aventure tellement immense ! Elle m'a apporté énormément, et j'avoue que je ne retrouve pas ici la même humanité, la même sincérité, la même simplicité et la même chaleur humaine dont j'ai besoin. A la base, ce livre est parti des mails que j'envoyais aux copains pour ne pas me sentir seule et coupée de mon ancienne vie puisque j'étais partie avec l'intention de m'installer là-bas définitivement. En rentrant, quelques amis - deux en particulier dont l'avis compte beaucoup pour moi - m'ont dit que je devrais vraiment tenter de faire éditer les chroniques. J'ai tout réécrit pour que ça ne ressemble plus à de simples mails, puis j'ai envoyé quelques exemplaires sans me faire d'illusions, sachant que le monde de l'édition, s'il m'est totalement inconnu, n'est pas plus tendre que notre univers du show-biz. Et puis finalement... Alors j'espère qu'elles auront du succès.
R.S : Quels sont tes hobbies ?
C.M : Je fais du dessin, de la couture, je bricole aussi énormément. Je fais parfois mes meubles et je répare tout ce que je peux moi-même, j'adore ça. J'écris aussi beaucoup. Si j'en avais eu le talent, j'aurais adoré être écrivain. Je lis (une vraie drogue !), je vois beaucoup de films, je vais moins au théâtre en revanche, parce que je trouve que ça reste un loisir cher et j'ai bien souvent été déçue. Je fais du ski (à l'occasion), de l'escalade (toujours à l'occasion), de la natation, et je marche, je marche, je marche…J'adore flâner dans Paris, il y a toujours quelque chose à découvrir. Et puis, je voyage dès que je peux. J'aimerais tellement tout faire, tout voir ! En fait, en plus d'être comédienne, si j'avais plus d'une vie et le compte en banque de Paris Hilton, j'aurais adoré être architecte et décoratrice d'intérieur, styliste-modéliste, écrivain, et Nicolas Hulot pour la chance qu'il a de pratiquer toutes ces disciplines sportives et de visiter des endroits du globes insolites au travers de son métier.
R.S : Merci beaucoup Chantal.
C.M : Avec plaisir ! Ben moi qui ne suis d'habitude pas bavarde, j'en ai dit beaucoup... trop ? Quoi qu'il en soit, merci à toi de consacrer un peu de ton temps à notre discipline.
Interview de mars 2009